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Actualité Amable Tastu
15 décembre 2021

"La veille de Noël" et autres poèmes récompensés par les Jeux Floraux de Toulouse - par Marie Daffini -

 

                                                    fileuse

                                                                    Poème « La veille de Noël »

Lors des années 1820, Amable fut récompensée à quatre reprises  par l’Académie des Jeux floraux de Toulouse. Cette académie, plus ancienne société littéraire d’Europe, décernait  des prix symbolisés par diverses fleurs d’or ou d’argent.  

Ainsi, le Lys d’Argent récompensait le sonnet ou l’hymne à la Vierge, l’Amarante, l’ode, et le Souci, l’élégie.

En 1821, le premier poème d’Amable couronné aux Jeux floraux reçut le Lys d’argent pour « La veille de Noël ». Il  coïncide avec la naissance du romantisme puisqu’il est communément admis que ce mouvement, qui dépasse les limites d’une simple école littéraire, commence en 1820 avec le fameux recueil de Lamartine « Les Méditations » dont le succès fut considérable. 

Rappelons que le romantisme traduit ce mouvement de la sensibilité européenne qui se manifeste dès la fin du 18e siècle en Angleterre et en Allemagne et touchera d’autres pays, tels la France, l’Italie ...

En 1822,  ce fut l’Amarante d’Or qui fut décernée à Amable pour « L’Etoile de la Lyre ».

Puis, en 1823, elle se vit récompensée par deux fleurs : Le Souci d’Argent  pour « Le Dernier Jour de l’Année » et le Lys d’Argent  pour « Le Retour à la Chapelle ».

« La Veille de Noël » – Poème mis en musique par divers musiciens dont Marie Nodier.

Entre mes doigts guide ce lin docile,
Pour mon enfant tourne, léger fuseau ;
Seul tu soutiens sa vie encore débile,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Les entends-tu, chaste Reine des anges ;
Ces tintements de l'airain solennel ?
Le peuple en foule entourant ton autel,
Avec amour répète tes louanges.

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Si je ne puis unir aux saints mystères
Des vœux offerts sous les sacrés parvis,
Si le devoir me retient près d'un fils,
Prête l'oreille à mes chants solitaires.

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Porte des cieux, Vase élu, Vierge sainte,
Toi qui du monde enfantas le Sauveur,
Pardonne, hélas ! trahissant ma ferveur,
L'hymne pieux devient un chant de plainte.

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Le monde entier m'oublie et me délaisse ;
Je n'ai connu que d'éternels soucis :
Vierge sacrée, au moins donne à mon fils
Tout le bonheur qu'espérait ma jeunesse !

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Paisible, il dort du sommeil de son âge,
Sans pressentir mes douloureux tourments.
Reine du ciel, accorde-lui longtemps
Ce doux repos, qui n'est plus mon partage !

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Tendre arbrisseau menacé par l'orage,
Privé d'un père, où sera ton appui ?
A ta faiblesse il ne reste aujourd'hui
Que mon amour, mes soins et mon courage.

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Mère du Dieu que le chrétien révère,
Ma faible voix s'anime en t'implorant ;
Ton divin fils est né pauvre et souffrant :
Ah ! prends  pitié des larmes d'une mère !

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.


Des pas nombreux font retentir la ville ;
Ce bruit confus, s'éloignant par degrés,
M'apprend la fin des cantiques sacrés.
J'écoute encore... déjà tout est tranquille.

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Tout dort, hélas ! je travaille et je veille ;
La paix des nuits ne ferme plus mes yeux.
Permets du moins, appui des malheureux,
Que ma douleur jusqu'au matin sommeille !

Pour mon enfant tourne, léger fuseau,
Tourne sans bruit auprès de son berceau.

Mais non, rejette, ô divine Espérance !
Ces lâches vœux, vains murmures du cœur ;
Je veux bénir cette longue souffrance,
Gage certain d'un immortel bonheur.

Entre mes doigts guide ce lin docile,
Pour mon enfant tourne, léger fuseau ;
Seul tu soutiens sa vie encore débile ;
Tourne sans bruit autour de son berceau.

 

 

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