Portrait en vers Amable Tastu, dans l'anthologie de Rosemonde Gérard "Les Muses françaises"( proposé par C.Antoine)
Rosemonde Gérard, 1856-1953, qui fut l'épouse de Jean Rostand, écrivit ce charmant petit poème pour célébrer notre "poétesse". (Ce terme, employé pour désigner une femme poète, est attesté et défendu par George Sand, à propos précisément, d'Amable Tastu.)
Ayant d'une tendresse étrange
Et qui vient peut-être de loin,
Fidèlement aimé des anges
Dont l'âme humaine a tant besoin,
Comment donc serais-je capable
De résister à la vertu
De cette poétesse aimable
Qui se nomme Amable Tastu ?
Non seulement on nous assure
Que vers neuf ans - presque un bébé ! -
Elle commença ses lectures
Par l'Homère de Bitaubé ;
Non seulement son front de nacre,
Qui pâlissait sur tant de vers,
Abrita "Les Oiseaux du Sacre"
Qui volèrent sur l'univers ;
Non seulement son âme neuve
N'épuisa jamais sa clarté ;
Et non seulement Sainte-Beuve
Désira la complimenter,
Mais c'est elle, certain Dimanche
Qui composa pour notre bien,
La cantilène bleue et blanche
Qui s'appelle L'Ange gardien.
Dans tous les Trésors Poétiques
On voit ce poème charmant
Mêlant sa petite musique
A de grands accompagnements.
Près de Musset, de La Fontaine,
De Lamartine et de Hugo,
Il est là, respirant à peine,
Entre le Chêne et le Roseau...
Et ma mémoire la première
Avait retenu son frisson,
Car c'était presque une prière
Et c'était presque une chanson !