Amable et les Jeux Floraux - par Marie Daffini -

A Perpignan où  les époux Tastu se sont installés après leur mariage, Amable continue à écrire et cherche même à se faire connaître en envoyant, presque tous les ans, de 1820 à 1824, c’est-à-dire même après son retour à Paris en 1822, des pièces de vers pour les concours de l’académie des Jeux Floraux.

Cette académie, plus ancienne société littéraire d’Europe, datant du 14^e siècle, installée à Toulouse jouissait d’un certain prestige, non seulement dans le sud de la France, mais également à Paris.

Le premier concours  fut fondé, d’après une tradition populaire, par Clémence Isaure, D’autres sources disent qu’il fut créé en 1323 par un groupe de jeunes poètes désireux de relever la langue d’Oc de la décadence où l’avait fait tomber la Croisade contre les albigeois.

Les prix sont symbolisés par des fleurs et le concours annuel a lieu le 3 mai.

Nul ne dédaignait d’y concourir et on peut dire que l’académie des Jeux Floraux servit même de tremplin à ceux qui briguaient les suffrages de l’Académie française. Ainsi, Mme Dufrénoy, amie d’Amable, avait été couronnée à plusieurs reprises par les Jeux Floraux avant d’obtenir, en 1814, le prix de poésie de l’Académie. Victor Hugo, quant à lui, obtint en 1819, à l’âge de 17 ans, le Lys d’or pour une ode sur le « Rétablissement de la statue d’Henri IV »

Amable, qui décida de concourir, fut couronnée à quatre reprises par la docte académie.

Elle obtint, en 1820, un Lys d’argent pour « L’hymne à la Vierge la veille de Noël »

En 1821, une Amarante d’or la récompense pour  l’ «Etoile de la Lyre »

Puis en 1822, Amable obtint un Souci d’argent, réservé pour une élégie « Le Dernier Jour de l’année »

Et en 1823,  c’est un Lys d’argent pour un  hymne à la Vierge « Le Retour à la chapelle » qui la récompense.

Amplement diffusés par les différentes revues poétiques de l’époque, ces quatre poèmes nous semblent contenir les thèmes romantiques tels qu’ils sont définis  dans les traités de l’époque. Le style lyrique toujours présent se caractérise surtout par la méditation ou par la contemplation à travers laquelle les émotions, la souffrance et le désespoir touchent l’âme du poète.

Tous paraîtront dans le recueil « Poésies » dont la première édition fut imprimée en 1826 par les soins de Joseph Tastu, époux d'Amable.